Une nouvelle édition de La Brigade paraît ! Légèrement plus petite, elle permet une lecture plus pratique, et toujours aussi spectaculaire. Pour marquer l'occasion, une rencontre avec Victor Hussenot s'impose. Retour sur le parcours d'un artiste d'une fabuleuse créativité et son rapport à la bande dessiné.
Pourquoi avoir choisi la bande dessinée comme médium pour t’exprimer artistiquement ?
J’ai toujours eu le sentiment que la bande dessinée était un médium dans lequel je voyais une liberté infinie. Je le ressens toujours et, plus je comprends de chose sur son fonctionnement, plus ses limites me semblent inatteignables, c’est ce qui me stimule !
Comment t’est venue l’idée de La Brigade ?
L’idée de départ était un abécédaire classique comme on en trouve souvent dans la littérature jeunesse. Mais un jour j’ai commencé à dessiner des personnages entres les lettres, se baladant de l’une à l’autre… sans que je m’en doute, l’idée d’une aventure venait de prendre forme.
Quel est ton processus pour créer tes personnages ?
Mon processus a toujours été spontané ; les personnages apparaissent toujours dans mes carnets, puis arrive l’envie de les mettre en scène. J’apprends à les connaitre et à savoir ce qu’ils représentent. Je creuse, je creuse, puis leur forme évolue, jusqu’au moment où je les tiens. Une fois qu’ils sont en route dans l’histoire, de nouvelles strates de leurs personnalités apparaissent. Comme quand on apprend à connaitre une personne réelle dans la vie.
Quel rapport as-tu à la couleur ?
Mon rapport à la couleur a toujours été assez évident et naturel, je m’amuse avec. Je n’ai pas trop besoin de la théoriser pour la faire, elle est là, je lui fais confiance. Elle m’aide, me détend, c’est une grande amie qui me sort souvent du pétrin.
D’où te vient cette démarche artistique de jouer avec les cases et autres codes de la bande dessinée ?
Cela vient avec la bande dessinée elle-même. Comment l’utiliser au maximum de son potentiel ? Voilà un challenge qui me plaît et me donne de plaisir à créer. Je considère également que le détournement des codes est un outil de mise en scène comme un autre, c’est naturel, ça fait partie de ma manière d’écrire. Je vais choisir de déformer une case, un phylactère, de jouer avec les limites physiques du livre, comme on choisirait un mot plutôt qu’un autre, un cadrage plutôt qu’un autre. Cela fait, pour moi, partie des outils à disposition propre à la bande dessinée.
Quel rôle joue le format du livre dans la phase créative ?
Le format est pour moi un outil narratif, comme la case, la bulle, le personnage, le dessin, etc… il est constitutif de la bd elle-même.
Quelles sont tes sources d’inspiration culturelle pour La Brigade ?
Elles sont multiples, impossible de tout nommer… Mais en tête on peut parler de Fred avec sa série Philémon, de Terry Gilliam et de Magritte. « Dragon Ball » et Où est Charlie ? sont également de grands axes d’inspiration. Mais finalement, le plus important reste la liberté d’imaginer, la liberté dans l’écriture, voilà la plus grande source.
Qu’est-ce que représente La Brigade par rapport à l’ensemble de ton œuvre ?
Je pense que La Brigade est un aboutissement pour moi. Elle réunit l’ensemble de mes préoccupations depuis que j’écris et dessine, et je suis heureux de la voire réceptionnée de manière aussi belle. Je remercie tous les lecteur·rice·s qui ont su la recevoir et l’apprécier, j’espère qu’elle continuera sa route ainsi.