Cette semaine, un nouveau livre paraît dans notre collection « Les Mystères de la connaissance » sur un sujet brûlant d'actualité... l'intelligence artificielle. À l'occasion de la parution de ce roman, toujours illustré par Rémi Farnos, rencontrez son auteur, Matthieu Ruf, et apprenez-en plus sur les coulisses de l'écriture des Mystères de l'IA.
Comment est né le projet du roman Les Mystères de l’IA ?
J’avais lu avec intérêt plusieurs ouvrages de la collection « Les Mystères de la connaissance », à laquelle ont contribué des amis. J’ai rencontré Francine Bouchet, la directrice des éditions La Joie de lire, qui cherchait justement un·e auteur·ice pour le prochain volume. Quand elle m’a précisé que le sujet était déjà décidé et que ce serait l’IA, je me suis dit que ça allait être un sacré défi !
Qu’est-ce qui vous a le plus attiré dans ce projet ?
La possibilité de toucher un nouveau public en écrivant pour la jeunesse ; de raconter une histoire à partir de matière documentaire ; enfin, de transmettre une vision bien renseignée et en même temps très personnelle d’un sujet qui est de plus en plus présent dans nos vies, mais qui n’est pas soumis à une vraie discussion démocratique.
Quelle était votre vision de l’IA avant d’écrire ce roman ?
J’ignore pourquoi, mais depuis l’enfance, j’ai une sorte d’immunité contre l’empressement avec laquelle notre société place son destin dans les nouvelles technologies. Alors, je regardais d’assez loin tout le ramdam autour de l’IA. L’inconvénient, c’est que je ne prenais pas le temps de m’y intéresser.
Comment avez-vous eu l’idée de l’histoire de Milo et de sa mère ?
Il y a quelques années, j’ai écrit un roman dont le protagoniste, avide de savoir et de comprendre, s’appelait Milo. Cette histoire ne sera jamais publiée telle quelle, alors cela m’a beaucoup amusé de pouvoir développer les jeunes années de ce personnage dans Les Mystères. Celui de la maman m’est venu spontanément. Le choix de son métier, traductrice, permettait de mettre en scène un impact direct et concret du développement de l’IA.
Quel a été votre processus créatif et d’écriture pour ce roman ?
Il y a eu en gros trois étapes : 1) établir le personnage principal et son environnement, 2) me documenter et interviewer plusieurs scientifiques de l’Université de Lausanne, partenaire du projet, 3) décider d’un synopsis sommaire, et foncer ! Je n’avais que quelques mois à disposition, je n’ai pas eu le temps de tergiverser face aux choix narratifs. Mais j’ai le sentiment que ça a été bénéfique au processus.
Il s’agit de votre premier texte pour la jeunesse. Qu’avez-vous pensé de l’exercice ?
J’ai beaucoup aimé. Je me sentais proche des enfants que je côtoie, de l’enfant que j’ai été. J’ai cherché à être simple sans être simpliste, à mettre en évidence les enjeux à long terme, j’espère que cela se ressentira à la lecture.
Qu’est-ce que l’écriture des Mystères de l’IA vous a-t-il apporté ?
Des connaissances qui m’aident à penser et à agir. Et aussi une forme de confirmation éclairée du bien-fondé de certaines de mes résistances face à la technologie numérique : non pas envers ce qu’elle exprime de l’inventivité humaine, ni les impacts positifs qu’elle a bien sûr aussi, plutôt envers la… déconnexion qu’elle (ou plutôt le système économique qui la promeut) accélère entre les humains et la vie qui les nourrit. Une déconnexion qui a un impact environnemental très lourd, au contraire de ce que le terme trompeur de « dématérialisation » veut nous faire croire.
Si vos lectrices et lecteurs ne devaient retenir qu’un message de l’expérience de Milo, lequel serait-il ?
Même si on a l’impression du contraire, le monde numérique n’est qu’une petite partie du monde. Et aussi : le futur n’appartient à personne. (Je triche, ça fait deux.)
