« Les dessins, sans le texte, n’auraient qu’une signification obscure ; le texte, sans les dessins, ne signifierait rien. Le tout ensemble forme une sorte de roman. »
Cette citation de Rodolphe Töpffer annonce la naissance du 9e art et son livre Les Amours de Mr. Vieux-Bois, paru en 1837, en est la première expression. Avec cet ouvrage, l’artiste genevois a créé un genre, la littérature en estampes, qui n’est autre que l’ancêtre de la bande dessinée. Près de deux siècles plus tard, sept jeunes artistes diplômé.e.s de l’École supérieure de bande dessinée et d’illustration de Genève lui rendent hommage en collaborant aux Nouvelles amours de Monsieur Vieux Bois. Quand on parcourt les pages des nombreuses et rocambolesques (més)aventures amoureuses de Mr Vieux-Bois, force est de constater que l’expressivité de son trait et l’action de ses personnages séquencée à l’aide de case n’ont pas pris une ride. L’histoire, elle, traite du sujet atemporel de l’amour. Monsieur Vieux Bois, qui, comme son nom l’indique, est un homme d’un âge certain, tombe irrémédiablement amoureux d’une jeune fille à peine rencontrée lors d’une promenade au parc. Dès lors, il n’aura de cesse de pourchasser « l’objet aimé » à ses risques et périls et surtout sans se préoccuper de son profond ridicule. Chaque situation est prétexte pour Töpffer de tourner en dérision son personnage masculin et souligner la vaine absurdité des amours reposant sur l’objectivation de l’autre. Les nouvelles histoires des amours pathétiques de Mr Vieux-Bois s’insèrent parmi les originales et soulignent l’humour potache et le regard critique de leur illustre prédécesseur sur certains comportements qui perdurent aujourd’hui encore.