Lorsque Chiara Carrer s’empare d’un classique, le résultat n’est jamais banal. Après Alice racontée aux petits enfants et Le Petit Chaperon rouge, c’est au tour de ce conte à l’horreur fascinante d’évoluer dans l’imaginaire de l’illustratrice italienne.
Le texte distille son charme vénéneux au gré des phrases courtes, rythmées comme un poème, où les heures sonnent comme un glas: 8hoo, le village est désert. Une femme se fait belle pour la noce. 10h00, l’homme à la barbe bleue n’est pas loin. Il prend la femme pour épouse. 18h00, larmes amères. La femme ne sait que faire, la tâche de sang sur la clé ne s’effacera pas. Sa soeur plongera elle aussi dans l’horreur sanglante.
La solitude, la détresse des soeurs prisonnières trouvent un écho saisissant dans l’illustration où le papier brut et le crayonné épuré contrastent avec le bleu solide de l’homme cruel et froid. Les visages et les ellipses visuelles reflètent l’effroi de la situation, l’ensemble porte une tension qui rappelle certains travaux de Picasso… De l’angoisse stylisée du plus bel effet!
